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Textes en françaisVirey, Julien Joseph, "Nature", Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle • ARTICLE VII. De l'organisation graduelle des gemmes vgtaux et animaux.
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ARTICLE VII. De l'organisation graduelle des gemmes végétaux et animaux.
gendre. C'est par ces forces inverses que la nature renouvelle tout ce qui vit 
sur la terre.
 

Ces modifications de la substance animée ne s'exécutent que par l'intervention 
du principe aqueux. Tout être prend naissance dans l'humidité, et l’eau est la 
matrice générale de tous les animaux et les végétaux. La multitude des 
coquillages marins répandus par toute la terre, et déposée même sur les plus 
hautes montagnes à une élévation de quinze cents ou deux mille toises au-dessus 
du niveau actuel des mers, nous apprend que l'Océan a jadis couvert notre globe. 
Le décroissement de cette grande masse d'eau est même devenu sensible depuis 
plusieurs siècles ; mille terreins submergés, et laissés à sec aujourd'hui, en 
fournissent la preuve. Il seroit trop long d'énumérer ici toutes les côtes 
desquelles la mer s'est retirée. C’est un fait incontestable qu'elle a séjourné 
sur nos continens ; A chaque pas nous en trouvons des témoignages dans cette 
foule de débris de coquilles, dans ces pétrifications, ces dépôts, ces lits de 
terres, ces cristallisations que notre sol récèle par-tout.
 

Vidi ego quod fuerat quondam solidissima tellus
Esse fretum ; vidi factas ex æquore terras,
Et procul à pelago conchæ jacuêre marinæ.

Cette observation avoit même été faite par les plus anciens naturalistes et les 
philosophes, et la notion d'un déluge universel connu chez tous les peuples 
n'est que la tradition vague de cette antique vérité, Comme nous l'avons dit 
ci-devant.
 

ARTICLE VII. De l'organisation graduelle des gemmes végétaux et animaux.

La terre, presque toute noyée d'eau dans son origine, ne pouvoit créer et 
nourrir que des êtres aquatiques, et comme la nature s'élève des corps simples 
aux corps composés, elle donna d'abord naissance à ces ébauches de vie, à ces 
animalcules microscopiques, à ces moisissures informes que nous voyons se 
multiplier dans toutes les eaux croupies. La puissance vitale essayait ainsi ses 
premières forces, elle s'exerçoit pour ainsi dire, par divers tâtonnemens à de 
plus sublimes ouvrages. Elle ne forma dans le principe que des molécules 
gélatineuses, une sorte de limon glutineux que la chaleur vint animer peu à peu, 
et qui se résolvait en putrilage pour se changer bientôt en un essaim 
d'animalcules vivans. Nous observons encore aujourd'hui des faits à-peu-près 
semblables dans ces mares d'eau stagnante, où l'on rencontre mille germes de vie 
(1), qui s'y développent par l'influence d'une chaude température.
 

Il y a donc des agens principaux dans la génération de tous les

(1) Les anciens qui avoient observé ce fait, l'ornèrent des charmes de la 
poésie. Ils disoient que Vénus étoit née de l'écume de l'Océan et des parties 
naturelles de Saturne, qui étoit l'allégorie du Temps. Ils avoient aussi placé 
dans la mer, Protée, dieu marin qui prenoit toutes les formes, et qui 
représentait ainsi l'admirable fécondité de l'eau. 

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